Culture et éthique au coeur de l’Entreprise
Pas de création de valeur sans culture et éthique
Ardent défenseur de la bonne gouvernance pour promouvoir les comportements adéquats, en matière de business, je défends depuis longtemps l’idée que les Entreprises doivent comprendre et pratiquer un capitalisme responsable. En ce moment même se déroule un G20 en Chine. C’est le cadre dans lequel deux des plus grands pollueurs de la planète, à savoir les USA et la Chine viennent enfin de ratifier l’accord de la COP21. Cet accord vise à réduire l’émission de gaz à effets de serre. Ces gaz menacent directement la survie même de l’humanité et plus globalement de la Terre. Il est donc désormais clair que le capitalisme responsable est plus que jamais une nécessité vitale. Cela s’appuie, de toute évidence, sur une culture et une éthique d’Entreprise plus exigeantes.
Qu’est-ce que le capitalisme responsable?
Il se trouve que ce concept a été soulevé, il y a quelques semaines par l’Institute of Business Ethics (IBE). L’IBE est une organisation Britannique non gouvernementale créée en 1986. Sa mission consiste à encourager l’adoption de normes de haut niveau en matière de comportement d’affaires au sein des Entreprises. Pour ce faire il est indispensable de s’appuyer sur des valeurs éthiques fortes. Or chacun sait que les Entreprises, par la voix de leur Conseil d’Administration réagissent majoritairement dans deux cas seulement. Elles doivent y être contraintes soit par des obligations légales ou réglementaires, soit par un scandale financier affectant leurs actionnaires. Dans les deux cas, elles réagissent sous la contrainte et sont malheureusement rarement pro-actives.
En juillet, l’IBE a présidé un excellent colloque sur ce que le «capitalisme responsable» signifie aujourd’hui. Cela conforte ce que je préconise depuis longtemps, m’appuyant sur COBIT 5, à mes clients et partenaires. Il est devenu indispensable de créer une culture d’entreprise permettant aux humains d’exploiter les opportunités, et pas l’inverse. Cet objectif se réalise, bien sûr, en encourageant la liberté de produire, de vendre et d’acheter des biens et services afin de créer de la valeur pour la Société, pour le plus grand profit de ses parties prenantes. Mais cela nécessite impérativement d’agir dans un cadre bien défini en matière de comportement d’affaires. C’est un pré-requis à la bonne gouvernance selon COBIT qui propose 6 autres facilitateurs pour la création de Valeur.
Le rôle du Conseil d’Administration
Il est donc important que les Organisations définissent les comportements business qui sont et ne sont pas autorisés. Il est également vital de définir dans quelle mesure la culture de l’Organisation soutient ou contredit sa position éthique officielle.
Pour illustrer ce propos, prenons, par exemple, le cas de la FIFA (Fédération Internationale du Football Amateur). D’un point de vue éthique, la FIFA a pour mission de promouvoir les opportunités dans le monde du football. Son site Web met en exergue cette orientation. « La mission de la FIFA consiste à développer le football partout et pour tous, à toucher le monde à travers des tournois passionnants et à construire un avenir meilleur grâce au pouvoir du beau jeu ». Or nous avons tous en mémoire les récents scandales affectant la Direction de la FIFA et démontrant la corruption culturelle de cette Organisation. Ceci révèle une énorme différence entre la parole («ce que je dis») et les actes («ce que je fais»). Et cela conduit inévitablement à une faillite complète de l’Organisation et à la destruction de Valeur.
Les scandales du LIBOR, du FOREX et des assurances emprunteurs PPI dans le secteur financier, la tricherie de Volkswagen sur les émissions de particules et les manipulations financières de Tesco destinées à dissimuler un trou au niveau comptable, sont autant d’exemples où la culture d’entreprise a violé l’éthique. Les Conseils d’Administration se réunissent et prennent note de ces violations. Hélas cela se passe seulement une fois que l’éthique a été violée. En effet, c’est seulement à postériori que les impacts au niveau de l’Entreprise se font sentir. Et c’est donc seulement après coup que le Conseil d’Administration se trouve contraint d’agir. A ce moment là, il est le plus souvent trop tard pour agir.
La création de valeur
Toutes ces Organisations étaient pourtant bien établies. Elles inspiraient suffisamment de confiance en terme de création de valeur. Malheureusement elles ont toutes fini par violer les règles fondamentales de l’éthique. C’est comme si la signification de la valeur avait été déformée. La valeur est la conjonction du profit, de l’optimisation des risques et de l’optimisation des ressources. Aujourd’hui, de nombreuses Entreprises évaluent uniquement la valeur d’un point de vue financier. Valeur devient synonyme de gros profits, gros dividendes et valeur marchande élevée. Elles font souvent fi de l’optimisation des risques liés à un comportement non éthique. De même elles se préoccupent peu de l’utilisation efficiente des ressources.
Alors même qu’augmente la pression sur les ressources de la planète, et que la législation et la réglementation se concentrent maintenant sur la façon de faire les choses, les entreprises doivent désormais se focaliser sur leur façon de fonctionner, de produire et de servir. Le changement de la façon de faire des affaires favorise une approche éthique. la culture au sein des Organisations et des chaînes d’approvisionnement doit donc également se transformer pour permettre le passage de la simple «création de richesse» à la notion de «création de bien-être».
Peut-être est-ce là la différence entre une entreprise bâtie sur le «capitalisme» (d’aucuns parlent de capitalisme sauvage) et une entreprise construite sur le «capitalisme responsable». Celui-ci intègre d’autres éléments dans sa définition de la «valeur», tels que les bénéfices sociaux et environnementaux. Le capitalisme responsable prolonge ainsi la «richesse» jusqu’au «bien-être». En d’autres termes, dans ce contexte, la valeur ajoutée est la somme de la richesse (s’appuyant sur le profit, pas seulement financier d’ailleurs) et du bien-être (résultant de l’optimisation des risques et des ressources). Cette création de valeur sera soutenue par l’éthique (objectif à atteindre), et la culture (moyen de la produire).
Peut-on auditer la culture d’une Organisation ?
Maintenant, il est nécessaire de mesurer tout cela. La culture est partout et nulle part dans les entreprises. Elle est partout dans le sens où elle est façonnée et déterminée par toutes les caractéristiques de l’entreprise – son personnel, son organisation, la façon de récompenser les gens, etc; – et nulle part, parce que la culture n’est pas tangible. Ce n’est pas un produit qu’on peut mettre sur une étagère, puis modifier et faire évoluer à volonté. Il est cependant nécessaire d’évaluer l’aptitude de la culture d’une entreprise à créer de la valeur pour l’Entreprise.
Avec quelque chose d’aussi intangible que la culture, où et comment peut-on commencer cette évaluation? Une bonne façon de démarrer une telle évaluation consiste à identifier la « pression d’entreprise» sur son personnel. C’est cette pression qui va révéler les changements culturels et leur impact sur l’éthique. Cela soulèvera immanquablement des «feux rouges» indiquant que l’Organisation présente un risque important. Ce risque pourra se traduire notamment par un scandale affectant l’image de l’Organisation.
Les indicateurs de risque
Quels sont ces feux rouges? On peu en identifier cinq essentiels :
- l’existence d’accords salariaux controversés, tels q’une rémunération anormalement élevée des dirigeants favorisant la prise de risques et encourageant uniquement des objectifs à court terme;
- des structure juridique complexe rendant difficile la transparence, pour les Conseils d’Administration et le Management, sur ce qui se passe à l’intérieur de l’entreprise;
- une mauvaise réalisation de Fusions / acquisitions conduisant à un mélange de cultures au sein de l’entreprise, avec des «poches» de mauvais comportement qui se développent hors du contrôle du Conseil d’Administration;
- une discipline financière laxiste (par exemple Northern Rock et RBS avaient un endettement excessif qui a conduit à leurs problèmes) pouvant déclencher une crise;
- des dirigeants « autocratiques » que le personnel craint de fâcher par crainte de représailles, ce qui signifie que des informations vitales sur les problèmes potentiels risquent de ne jamais atteindre la haute direction et les Conseil d’Administration.
COBIT 5 comme cadre d’évaluation
L’étape suivante consiste en la définition d’une approche pour examiner et évaluer la culture et l’éthique, en s’appuyant par exemple sur COBIT 5.
Nous pouvons appliquer la publication COBIT 5 for Assurance, pages 139 – 141, à chacun des « feux rouges » identifiés ci-dessus. COBIT 5 examine l’influence sur le comportement par le Leadership selon trois axes, « à travers la communication, l’application et les règles », « au travers des incitations et des récompenses» et «par les actions de sensibilisation». Tous les trois portent sur les questions relatives à la pression de l’Entreprise.
La communication, les règles et leur application influencent les comportements
Cette perspective permettra de découvrir si l’entreprise « prend des raccourcis » ou fait preuve d’une discipline financière laxiste. Elle permettra également de découvrir si le conseil d’administration se concentre sur les mesures à court terme. On s’attachera notamment à ce niveau à étudier l’existence et le contenu des politiques et du système de management.
Les incitations et récompenses soutiennent les comportements souhaités:
Cet axe d’évaluation va révéler comment la rémunération et les récompense réelles correspondent aux schémas officiels de récompenses/pénalités en vérifiant si le personnel s’affranchit des limites, si les managers et le conseil d’administration tolèrent les petites infractions aux politiques et si les pénalités au niveau du salaire sont bien appliquées et encouragent la prise de risque – pour atteindre des objectifs à court terme.
La sensibilisation conditionne les comportements attendus
Cette perspective permet d’identifier si des structures juridiques complexes existent. C’est alors difficile, pour le conseil et la direction, de comprendre ce qui se passe à l’intérieur de l’entreprise. Par exemple, une complexité des structures peut résulter de prises de contrôle, conduisant à un choc de cultures. Cela générera des zones de mauvais comportement allant au-delà de la capacité de supervision du Conseil d’Administration.
En résumé, une évaluation globale basée sur COBIT 5 nous aidera à évaluer si le conseil change de direction s’écartant des pratiques validées sans officiellement modifier ou communiquer sa nouvelle approche.
A quoi sert vraiment COBIT ?
Mais COBIT 5 peut faire encore beaucoup plus pour nous. Il peut, de manière transparente, identifier la fourniture et l’utilisation des développements technologiques, tels que les objets connectés par Internet et le Big Data, et évaluer la réponse d’Entreprise en matière de confidentialité des données et de pratiques de cyber-sécurité. A mesure que les progrès technologiques se combinent de façon plus évidente, imbriquant chaque jour davantage vie professionnelle et vie privée, de nouvelles questions éthiques se posent. C’est l’évaluation continue de la culture et de l’éthique qui soutiendra toutes les opérations et l’obtention des résultats attendus.
Vous voulez découvrir comment COBIT peut vous aider?
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8 thoughts on “Culture et éthique au coeur de l’Entreprise”
Merci pour cet article consacré à l’importance de l’éthique, de la culture et des comportements. De nombreux dysfonctionnements organisationnels, mais aussi des échecs au niveau des projets résultent d’une négligence de ce 4e facilitateur de COBIT5.
Au moment où certains parlent d’identité, voici un moyen pour les organisations de se démarquer et d’atteindre leurs objectifs en mobilisant leurs effectifs, en suscitant la confiance des actionnaires et en séduisant une clientèle convoitée.
Une nouvelle démonstration que COBIT5 s’adresse à l’ensemble des dirigeants des organisations et non pas seulement à ceux des directions informatiques.
Merci David pour ce commentaire. En effet, de nombreuses Organisations font preuve, pour le moins, de laxisme vis à vis de l’éthique, de la culture correspondante et donc du comportement de ses personnels mais aussi de ses dirigeants et des membres de son conseil d’administration. Bien sûr cela s’applique à tout type d’Organisation: Entreprises, Associations mais aussi Etats comme on peut le voir chaque jour par exemple au Gabon, en Côte d’Ivoire, en France, au Royaume Uni ou même au travers de la campagne électorale Américaine.
Chaque Organisation devrait avoir son identité propre basée sur son éthique, sa culture et le comportement des personnes qui la composent. Cette identité est dictée par les valeurs qui fondent l’Organisation. Ce laxisme conduit quelquefois à des scandales retentissants débouchant sur des pertes colossales en termes de capitalisation boursière mais aussi en perte de confiance de ses clients qui s’en détournent au profit de la concurrence. Mais de façon générale, il conduit systématiquement à une prise de risques importante et une perte de valeur pour les Organisations concernées.
C’est un sujet qui devrait au centre des préoccupations des Conseils d’Administration et des Comités de Direction. Dans la pratique, c’est rarement le cas. Excès de confiance? Méconnaissance? Focalisation sur l’aspect purement financier? Incompétence des structures de Direction? Il y a sûrement un peu de tout cela.
COBIT nous aide à évaluer le niveau d’aptitude de cet élément important au sein des organisations. COBIT s’adresse directement aux structures de Gouvernance et de Direction (CA, Comité de Direction) et pas seulement aux équipes informatiques comme on le croit souvent à tort. COBIT est un excellent outil de sensibilisation des couches dirigeantes sur ces sujets. Utilisons-le!!
Tout à fait d’accord. Mais dans ce cas en entreprise, qui est en charge de s’assurer que le comportement et la culture sont bien alignés sur l’éthique? Et quel mécanisme est le mieux adapté pour s’en assurer?
Bonjour Mohamed,
Merci pour votre commentaire.
Ce sont, en effet deux excellentes questions.
1. Qui est en charge de s’assurer que le comportement et la culture sont bien alignés sur l’éthique?
La réponse est clairement qu’il s’agit d’une responsabilité du Conseil d’Administration qui donne la direction au Comité de Direction avec mission de réaliser sa mise en oeuvre. Pour s’assurer du suivi de sa directive, le Conseil d’Administration s’appuiera sur les auditeurs (internes et/ou externes) qui seront en charge d’effectuer une évaluation d’aptitude de la Culture, de l’Ethique et du comportement de l’ensemble des parties-prenantes. Cette évaluation pourra être réalisée en utilisant COBIT 5 (cf. COBIT for Assurance).
2. Quel mécanisme est le mieux adapté pour s’en assurer?
Dans son rôle de planification, le Comité de Direction devra mettre en oeuvre la directive reçue du Conseil d’Administration. C’est typiquement une tâche qui sera confiée au DRH, dont c’est une des responsabilités principales d’écrire un Code d’Ethique et de Déontologie et d’en assurer la déclinaison en processus, en normes et en procédures. Le code d’éthique et de déontologie est une exigence majeure pour toute organisation et sa connaissance ainsi que son application sont absolument impératives pour chaque membre du personnel, de la Direction et du Conseil d’Administration. Une évaluation commencera par s’assurer que l’ensemble de ces documents sont bien présents, à jour, enregistrés au sein du système de management de l’entreprise et que leur application et leur suivi sont réalisés correctement (sensibilisation, formation, schéma de rémunération, primes et pénalités, procédures disciplinaires, subi dans le cadre des revues d’objectifs, etc.).
Malheureusement dans de nombreuses Organisations, tout cela n’est pas mis en place souvent par incompétence des DRH qui ne sont pas recrutés avec les profils adéquats (c’est un poste à haut risque et à coût très élevé qui ne limite pas à la gestion de la paie), voire par absence de DRH. L’évaluation d’aptitude permet de mettre ces lacunes en évidence et d’évaluer le niveau de risque qui en résulte pour l’Organisation. A charge, alors, pour le Conseil d’Administration d’assumer ses responsabilités de gouvernance.